Petit mot de bienvenue...


"Aujourd'hui bien lassé par l'heure qui s'enroule
tournant comme un bourrin tout autour du cadran
permettez mille excuz à ce crâne - une boule -
de susurrer plaintif la chanson du néant"

Raymond Queneau ( extrait de "L'instant fatal")

LAISSEZ-LE

30 mai 2011



Laissez-le reprendre,
Un temps, son haleine.
Laissez-le attendre
La fin de sa peine.
 
Le monde est si vide
Durant son absence.
Dans la nuit livide,
Les ténèbres dansent.
 
Son rire d’enfant
L’a abandonné.
Silence étouffant,
Cri discipliné.
 
Laissez-le reprendre,
Un temps, son haleine.
Laissez-le attendre
La fin de sa peine.
 
Ses yeux arrogants
Sont cadenassés.
Souillure sans gant,
Regard convulsé.
 
Son silence aigu
Attise sa peur.
Sa vision tordue
Accroit sa stupeur.
 
Laissez-le reprendre,
Un temps, son haleine.
Laissez-le attendre
La fin de sa peine.
  
  
  
  
  

SUR UN BANC

11 mai 2011

Les enfants de chœur
Et les filles lasses,
  Malgré la rancœur,
  Un jour, ils s’embrassent

Sur un banc plein d’ombres
  Usé par le temps.
  Sur un banc trop sombre
  Muet depuis longtemps.

Epris de douceur,
  De bruit, de raffut,
  Les enfants noceurs
  Restent à l’affût

Sur un banc plein d’ombres
  Usé par le temps.
  Sur un banc trop sombre
  Muet depuis longtemps.

L’homme plein d’ardeur
  Une femme au bras
  S’assoit, clabaudeur,
  Tel un fier-à-bras

Sur un banc plein d’ombres
  Usé par le temps.
  Sur un banc trop sombre
  Muet depuis longtemps.

Le vil égorgeur
  Tranche le colback
  De ce voyageur
  Allongé en vrac

Sur un banc plein d’ombres
  Usé par le temps.
  Sur un banc trop sombre
  Muet depuis longtemps.

L’avocat plaideur
  Cache sa misère
  Malgré la froideur
  De son ministère

Sur un banc plein d’ombres
  Usé par le temps.
  Sur un banc trop sombre
  Muet depuis longtemps.

Ainsi le rimeur,
  Frappé d’amnésie,
  Entend la rumeur
  Comme une poésie

Sur un banc plein d’ombres
  Usé par le temps.
  Sur un banc trop sombre
  Muet depuis longtemps.