Les grandes fenêtres ouvertes en journée,
Toutes fermées prudemment à la nuit tombante,
Entourées de tentures riches et pédantes.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut-être la mort annoncée déjà présente.
Le salon, sol en parquet et plafond boisé,
Lumière tamisée, guéridon et champagne,
Le libertin soupçon comme exquise compagne.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut-être le plaisir d’une dernière larme.
La cheminée obscure et les flammes ailées,
Juste la bûche rougeoyante qui crépite,
La douce chaleur magnifique qui m’excite.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut-être la torpeur d’une nuit sans visite.
Le chandelier brodé de bougies embrasées,
La cire rouge dominée de flammes claires,
Et dans la pénombre, le décor légendaire.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut-être l’illusion d’un dandy libertaire.
Le piano aphone avec ses cordes usées,
Le vide des doigts virtuoses sur l’instrument,
Sa docte présence pleine de boniment.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut être la création perdue d’un moment.
Le canapé de toile rouge, bois doré,
La rosace sculptée et le pied séculaire,
Les petits accoudoirs usés par les affaires.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut-être le génie d’un artisan faussaire.
Le portrait d’une jeune femme évaporée,
Une mèche de cheveu glissée sur le sein,
Le drapé de sa robe tenu à dessein.
Un fil de ma mémoire désarticulée.
Peut-être la fin d’un enchantement serein.