30 janvier 2011
Posée dans le ciel d’une nuit guindée,
Une lune insolente et décidée
Frappait le chemin et les prés grisés,
Laissant toute l’ombre entremêlée.
Une masse semblait s’en détacher
Sur le sentier à demi-éclairé.
Un amas de ferraille endommagé
Traînait là, semblant inhospitalier.
A vrai dire, un fichu marronnier
Masquait les deux cercles assez grossiers
D’un engin quelque peu démantelé :
La mécanique s’était morcelée.
De conducteur, nul signe, enlevé.
Le silence de la nuit exténuée
Laissait percer un sifflement léger.
Les roues tournaient comme pour alerter.
Mais pas de présence pour observer,
Entendre ou appeler les pompiers.
Plus loin, survenant de l’obscurité,
Un homme furieux, ancien prisonnier,
S’acharnait sur la forme dénudée.
Il remplissait les sacs de son péché.
Il jugeait que, les restes immergés,
Sa faute ne serait jamais prouvée !
C’est la misère d’un homme aliéné
Qui a, une fois de plus, fracassé
La vie d’une femme dévisagée.
Victime innocente, toute désignée.
Les citoyens choqués sont apeurés.
L’anxiété continue de nous percer.
Manipulée, la peur peut triompher.
Elle place ainsi le récit meurtrier
Au centre d’un conflit d’inimitié !
Barbare et moyenâgeux, la curée
Remplace vite le débat d’idée.
La victime et la raison sont bafouées.